BEMBA INÉLIGIBLE, LE MLC BLUFFE SUR LES ELECTIONS

« Retenez-moi, sinon je fais un malheur ». Ainsi peut-on résumer les menaces du MLC et son chantage sur le processus électoral. Un fait est clair : un parti politique n’a aucun pouvoir légal de « refondre » la CENI qui est une institution publique. Et le MLC ne prendra jamais le risque de se retirer du processus, car il connaîtrait une saignée de tous ces cadres qui, comme les élus de l’Udps en 2011, n’accepteront pas d’abandonner leurs ambitions politiques aux élections législatives nationales et provinciales pour se ranger derrière le sort de Bemba. Après tout, ils ont bien vécu durant tout le mandat de 2011 sans Bemba…

« 17 septembre : panique chez les bembistes ». Ainsi titrions-nous une de nos très récentes publications en rapport avec le recours de Jean-Pierre Bemba auprès de la Cour Constitutionnelle sur l’inéligibilité qu’avait prononcé la CENI à son endroit suite à la condamnation irrévocable qui le frappe pour subornation des témoins au moyen de la corruption (http://congovirtuel.org/wp-admin/post.php?post=1199&action=edit ). Dans cet article, nous relayions les propos d’un observateur qui voyait combien les bembistes se sont longtemps menti à eux-mêmes dans ce dossier judiciaire par rapport aux ambitions de leur leader et même à leur zèle militant à sa gloire. « Les bembistes se sont longtemps menti à eux-mêmes et se réveillent aujourd’hui devant une réalité implacable : une peine va être prononcée pour parachever la procédure judiciaire pour laquelle JP Bemba a déjà été condamné », commentait ainsi notre interlocuteur qui concluait, sec et implacable : « les Jacques Ndjoli, Bazaïba et même Jean-Pierre Bemba lui-même ont voulu nous embarquer dans une subornation de l’opinion, mais là leur propre comportement les accusent et tend à laver la CENI de l’opprobre dont ils l’ont couverte ces derniers temps. Bref, la subornation de témoins va faire tomber Jean-Pierre Bemba même face à son propre recours ».

Notre prédiction était donc un oracle ? Nous ne le savions pas. Face à cette implacable réalité, le MLC en vient à s’escrimer sur une éventuelle possibilité de remettre son champion en scelle alors que la Cour constitutionnelle a rendu un avis définitif. Lui-même Bemba ne s’avoue pas vaincu et l’a dit ce mercredi matin sur RFI, mais sans indiquer comment et par quel moyen il pourrait se faire réembarquer dans la course.

Mais le plus prosaïque est cette sorte de chantage du MLC contre le processus électoral. Dans sa déclaration de mardi dernier, en effet, le parti bembiste a menacé de se retirer du processus électoral si son candidat n’est pas repris dans le processus. Plus fort encore, Eve Bazaïba, sa Secrétaire général, a menacé de requalifier totalement ce processus, notamment par la refonte de la Ceni.

Cette envolée oratoire a fait rire sous cape dans les salons politiques de la ville où ; jusque tard hier, l’on se demandait comment et par quel pouvoir un parti politique, qui est un fait privé, peut « refondre » une centrale électorale nationale qui est une institution publique. Par ailleurs, les observateurs considèrent qu’en menaçant de se retirer du processus électoral, le MLC se tire une balle dans le pied puisqu’en toute logique, il n’en sera rien, à moins que ce parti ait décidé de se suicider.

L’on rappelle, en effet, le cas de l’Udps et ses élus de 2011. Ceux-ci s’étaient rebellés contre leur Président qui les avaient ordonné de ne pas siéger, et le parti s’était retrouvé amputé des représentants du peuple jusqu’à les revendiquer après la signature des accords de la St Sylvestre. Autant l’Udps en fait-il jusqu’à ce jour, pour le siège de rapporteur de la CENI.

En s’engageant sur cette voie, la CENI court le risque de connaître une nouvelle saignée de cadres et militants dont certains sont actuellement candidats aux provinciales et aux législatives nationales. N’ayant aucun moyen de les retirer en dehors des cas prévus dans la loi électorale, le MLC risque de voir ces candidats poursuivre la quête de l’assouvissement de leurs ambitions légitimes sans qu’il (le parti) n’en tire le moindre bénéfice ne fut-ce qu’en terme de représentativité sociologique pour avoir renié ceux-là qui la lui procureraient.

Hervé Kande

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